Episode 114 : C’était au temps où Schaerbeek se repensait…
Troisième partie : Action consciente – Episode 114
Mon départ du MR y ressoude plus que jamais les rangs. Lors d’une grande conférence de presse, les mandataires se pressent autour de Bernard Clerfayt pour faire bloc. Parmi eux, des amis forcément qui ont continué à faire la part des choses entre Jean-Pierre Van Gorp versus politique et Jean-Pierre Van Gorp versus privé. Pas toujours évident pour eux mais ils ont toujours maintenu ce cap.
Je pense plus spécifiquement au conseiller communal Said Benallel et au conseiller CPAS Michel Milde qui en fut très fortement affecté comme on me le rapporta. Michel Milde fait partie de ces hommes de l’ombre de la vie politique schaerbeekoise. Pas connu du grand public mais bien du microcosme politique local. Si j’en parle, c’est aussi pour rendre à César ce qui est à César. Aujourd’hui, l’ASIS (Agence Sociale Immobilière de Schaerbeek) dispose d’un staff étoffé avec une directrice et une présidente. Lorsque Michel Milde reprit la barre (après que l’ancien gestionnaire FDF Xavier Buisseret est parti avec la caisse), il n’y avait qu’un comptable et une petite aide. Bénévolement cet avocat spécialisé dans le droit social, a remis cette asbl active dans le domaine du logement totalement sur les rails et en boni. Des années plus tard avec des moyens humains et budgétaires décuplés, la situation est paradoxalement moins florissante.
Lors d’un Collège extraordinaire, Bernard Clerfayt, très fâché, le mot est faible, m’ordonne de changer de place autour de la table et de m’asseoir à côté de mon collègue Mohamed Lahlali, échevin socialiste de l’Instruction publique qui au passage en prend aussi pour son grade.
Il m’annonce le retrait de l’ensemble de mes attributions, me signale que le bureau mis à ma disposition se trouve désormais au 2ème étage (soit en gros le « grenier » bien que plusieurs services y soient aussi installés). Dans ce bureau se trouve d’ailleurs une grande boîte électrique qui fait un bruit effroyable….
Il est intéressant de constater que de 1989 à 2006, je suis passé du sous-sol au rez-de-chaussée puis au 1er étage et enfin au dernier étage. Je pense être le seul échevin à avoir eu un bureau à chaque étage. Me faire quitter mon cabinet d’apparat du 1er étage était logique à partir du moment où mes attributions m’avaient été retirées. A titre personnel, cela ne me fit ni chaud ni froid. Lorsque comme moi on a connu le sous-sol de la maison communale au paroxysme des années sombres de l’ère Nols, cette petite mesquinerie n’est que du pipeau.
En revanche, je suis attentif au sort réservé aux membres de mon cabinet. Mes secrétaires seront réaffectées au sein de différents services où elles seront bien accueillies. Par contre pour mon chef de cabinet Faruk Bicici, la situation est plus délicate.
Dans sa logique de punition, Bernard Clerfayt propose au Collège que l’intéressé soit transféré aux guichets de l’Etat civil-Population. Ce n’est certainement pas en raison de la grande empathie de Faruk ou de son grand sens relationnel. Non, dans l’esprit du bourgmestre et du Collège, aller aux guichets signifiait très clairement aller au bagne. Cela ressemblait à la punition extrême.
J’ai réellement déploré cette décision qui ne s’est toutefois jamais concrétisée car cela véhiculait un très vilain message au sein de l’administration par rapport aux agents travaillant dans ce département en première ligne vis-à-vis de la population.
Faruk Bicici sera finalement affecté au département de l’Infrastructure puis après les élections de 2006, il rejoindra même un temps le cabinet de Bernard Clerfayt où il retrouva Rita Marchal, ancienne secrétaire de l’Association des commerçants de Helmet avec qui j’avais en son temps collaboré en tant qu’échevin des Classes moyennes, et que le Bourgmestre avait engagée pour s’occuper des dossiers « police ».
Lorsque nous nous croisons de loin, la tension est toujours très palpable. Maintenant que je me replonge dans cette période pré-électorale de 2006, je me rappelle très bien cette ambiance détestable qui n’allait en fait que s’aggraver. Je n’avais alors jamais connu, et pourtant j’avais une expérience certaine de Schaerbeek, autant de haine, d’agressivité verbale et de bassesses. Cette campagne a réellement marqué un avant et un après dans la manière de traiter ses adversaires politiques. Le politologue Pascal Delwit n’avait pas manqué de le souligner.
Bernard Clerfayt se montre lors des braderies et brocantes beaucoup plus ouvert, plus chaleureux avec le public et cela lui réussit d’ailleurs bien car fondamentalement il a un bon sens du contact qu’il n’exploite pas alors suffisamment. Si c’est là une répercussion positive de mon départ, j’en suis ravi pour lui et les Schaerbeekois.
Le 22 mars, lors du Conseil communal, lorsque je demande la parole pour m’expliquer sur ma démarche, tout est mis en place pour m’empêcher de m’exprimer. Je ne vous raconte pas l’ambiance et l’agressivité du moment…
Ensuite, comme d’habitude, après le Conseil communal, cap sur l’établissement de la place Colignon « The Oldies ». Chaque parti y a sa banquette attitrée. Je rejoins celle du PS où je suis chaleureusement accueilli notamment par les conseillers Eddy Courthéoux et Marie-Anne Kleykens.
Le vendredi, je décide d’offrir un drink pour ma pendaison de crémaillère dans mon nouveau bureau. Près de 200 agents communaux et sympathisants sont présents. L’ambiance y est vraiment bonne enfant. Cela fait du bien face à cette constante atmosphère agressive. Mais bon au sein du Collège, les dents grinceront sec face à ce qui est interprété comme une énième provocation.
Le lundi 27 mars, a lieu le mariage de la mascotte de la propreté publique Netty. Cette date était programmée depuis longtemps. Dans l’assistance, de nombreux écoliers ravis d’assister au bonheur de leur tamanoir préféré qui a trouvé l’amour en la personne de la charmante Nettybel.
J’aurais dû célébrer ces noces mais ce sont mes collègues Bernard Guillaume et Etienne Noël qui officient au final. J’étais cependant dans la Salle des Mariages. Je ne pouvais m’empêcher en mon for intérieur de sourire en les voyant tous les deux stoïques marier ces deux mascottes…
Cela peut paraître idiot mais de voir ces deux poupées de 2 mètres sur le banc des mariés, m’a procuré en fin de compte beaucoup d’émotion. J’avais presque l’impression d’assister au mariage de mes enfants, car Netty et Nettybel étaient l’aboutissement ludique d’un sacré défi relevé avec brio grâce aux équipes de la Propreté publique.
A demain.