Portrait : Miguel Angel Blanco et l' »Esprit de Ermua »

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Voici bientôt 10 ans que l’assassinat du jeune conseiller municipal de Ermua, Miguel Angel Blanco Garrido a provoqué un profond bouleversement dans la société espagnole. C’est ce que l’on appelle encore aujourd’hui « l’esprit de Ermua« .

Miguel Angel Blanco Garrido est né en 1968 à Ermua au Pays basque espagnol. Après des études d’Economie à l’Université du Pays basque à Sarriko (Bilbao), il est engagé comme économiste dans une société de consultance de la localité de Eibar.

Il concilie vie professionnelle avec son autre passion : la musique. Il joue de la batterie au sein d’un groupe « Poker » et est un fan du groupe « Heroes del silencio ». En 1995, il décide de s’affilier au Parti Populaire (PP). Aux élections municipales, il est élu conseiller municipal de Ermua.

Le midi, il rentrait chez lui pour déjeuner. Le 11 juillet 1997, alors qu’il attendait le train de banlieue pour retourner à son travail à Eibar, il fut enlevé par l’ETA. L’organisation terroriste exigeait de la part du gouvernement de José Marie Aznar de transférer tous les détenus de l’ETA dans des prisons du Pays basque et ceci dans les 48 heures.

Une exigence que le gouvernement espagnol ne pouvait évidemment accepter. Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les grandes villes d’Espagne et au Pays basque en réclamant la libération du jeune homme.

Des appels à témoins, des recherches intenses furent menées au cours de cette véritable course contre la montre de 48 heures. Tous pensaient qu’ETA ne mettrait pas à exécution sa menace et aurait un sursaut d’humanité.

Mais comme annoncé, 50 minutes après la fin de l’ultimatum, Miguel Angel Blanco âgé de 29 ans, mains ligotées dans le dos, reçut deux balles dans la tête. Il fut rapidement retrouvé par les forces de l’ordre, gisant agonisant dans un parc. Il succombera à ses terribles blessures au cours de la nuit. Miguel Angel fiancé depuis 7 ans, allait se marier en septembre.     

A l’annonce de son assassinat, les rues d’Espagne furent envahies à nouveau par des centaines de milliers de manifestants ivres de douleur face à ce crime si lâche. L’un des slogans était « ETA, voici ma nuque » en allusion au fait que les terroristes avaient tués Miguel Angel Blanco de deux balles dans la tête et par derrière.

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Durant plusieurs jours, des affrontements opposèrent les sympathisants de l’ETA et le peuple espagnol. Les manifestants poussés par ce que l’on a appelé « l’esprit de Ermua » osèrent s’aventurer dans des rues de Bilbao où sont établis des cafés fréquentés par les sympathisants de l’ETA et y penétrèrent. Il faudra l’intervention de la police pour protéger les militants de l’ETA qui manquèrent d’être lynchés.

L’enlèvement, la séquestration et l’assassinat du jeune homme ont « inauguré » une nouvelle forme de terrorisme de la part de l’ETA mais ont aussi permis de faire émerger l’esprit de Ermua, un vaste mouvement citoyen contre le terrorisme et de rejet de toutes formes de violence.

Une fondation « Miguel Angel Blanco » (www.fmiguelangelblanco.es) , présidée par sa soeur Mari Mar, a vu le jour et entend perpétuer la mémoire des victimes des actes terroristes.     

Le 30 juin 2006, Francisco Javier Garcia Gaztelu (alias Txapote) et sa compagne Irantzu Gallestegui (alias Amaia) ont été condamnés à 50 ans de prison pour l’enlèvement, la séquestration et l’assassinat du jeune conseiller municipal.  Les coupables n’ont exprimé aucun regret. La soeur de Miguel Angel Blanco leur déclara lors du procès face à leur ironie « Riez seulement, moi maintenant que vous allez suite à ce procès croupir en prison pour le crime que vous avez commis, je vais pouvoir sourire à jamais« .